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Le rôle d'un savant musulman (partie 1 sur 2)

Évaluation:

Description: Les qualités que possède un savant musulman.

Par Aisha Stacey (© 2015 NewMuslims.com)

Publié le 19 Jun 2019 - Dernière modification le 04 Jun 2015

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Objectifs:

·Comprendre ce qui fait qu'un musulman est un savant.

·Comprendre le rôle joué par un savant musulman au sein de la oumma musulmane.

Termes arabes:

·Aalim - (pluriel: oulama) celui qui a la connaissance. Le terme fait généralement référence à un savant religieux musulman.

·Faqih - (pluriel: fouqaha) est un juriste, c'est-à-dire un homme qui a une compréhension profonde de l'islam, de ses lois et de sa jurisprudence.

·Ijtihad - effort scientifique par lequel un juriste / savant tire le droit islamique sur la base du Coran et la sounnah selon la compréhension des pieux prédécesseurs (salafs).

·Moujtahid - une personne qualifiée pour mener à bien l'ijtihad.

·Oussoul - principes, racines, fondements ou fondamentaux d'une chose.

·Fiqh – jurisprudence islamique.

·Issnad - chaîne de rapporteurs d'un hadith donné.

·Hadith - (pluriel: hadiths) est une information ou une histoire. En Islam, il s'agit d'un récit narratif des paroles et des actions du prophète Mouhammad et de ses compagnons.

·Sahabah - la forme plurielle de «Sahabi», qui se traduit par Compagnons. Un sahabi, tel que le mot est couramment utilisé aujourd'hui, est quelqu'un qui a vu le prophète Mouhammad, a cru en lui et est mort musulman.

·Shariah – loi islamique.

·Oummah - Fait référence à l'ensemble de la communauté musulmane, quelles que soient sa couleur, sa langue ou sa nationalité.

·Fatwa – (pluriel: fatawa) une décision sur une question de droit islamique donnée par une autorité reconnue.

·Sounnah - Le mot sounnah a plusieurs significations, en fonction du domaine d’étude. Cependant, le sens généralement accepté est tout type de propos rapporté, fait ou approuvé par le Prophète.

·Dawah - parfois orthographié da'wah. Cela signifie appeler ou inviter d'autres personnes à l'islam.

Role-of-a-Muslim-Scholar-1.jpgCelui qui appelle les gens à l’islam ou enseigne ses connaissances avec une intention sincère peut être certain d’avoir une grande récompense. Le Prophète Mouhammad (Qu’Allah le couvre d’éloges et le protège) a déclaré: «Transmettez de moi, ne serait-ce qu'un verset». Il n'a pas stipulé que la personne devait avoir une vaste connaissance; il a plutôt stipulé qu'elle devait savoir ce qu'elle enseigne. Ceux qui enseignent ne sont pas automatiquement des savants. Les savants possèdent certains traits et qualités et ont un très haut niveau d'éducation islamique.

En arabe, le mot pour désigner un savant est aalim. C'est un mot qui a un sens similaire aux mots faqih et moujtahid; ils s'efforcent tous de parvenir à une décision dans la charia grâce aux preuves trouvées dans la religion. C'est généralement une personne qui a passé de nombreuses années à acquérir les outils et les conditions préalables nécessaires à l'émission de l'ijtihad.

Cheikh Ibn Outhaymin, l’un des savants les plus renommés du XX ème siècle, a décrit très succinctement le niveau d’éducation qu'un musulman doit atteindre pour être considéré comme un savant.[1] Ses paroles sont paraphrasées ci-dessous. Bien que le mot «il» soit utilisé, il faut bien comprendre que ces conditions préalables s’appliquent aux savants, hommes et femmes.

Premièrement, il (le moujtahid) doit avoir connaissance des preuves dont il a besoin afin de pouvoir formuler un ijtihad, telles que les versets du Coran et les hadiths qui parlent de règles. Il doit avoir une connaissance des questions relatives à la solidité ou à la faiblesse des hadiths, tels que l'isnad et les narrateurs de l'isnad. Ensuite, il doit être au courant de l'abrogeant et de l'abrogé et des questions sur lesquelles il existe un consensus. Il doit avoir connaissance de divers problèmes relatifs à la décision, tels que des rapports sur des significations spécifiques, des rapports qui fixent des limites, etc. Il doit également avoir une connaissance de la langue arabe et des principes de la jurisprudence islamique (oussoul al-fiqh) liés aux preuves verbales, telles que ce qui est général et spécifique, ce qui est absolu et ce qui est limité, ce qui est mentionné brièvement et ce qui est mentionné en détail, etc., afin que ses décisions soient conformes à ce qui est indiqué par ces preuves. Enfin, il doit pouvoir utiliser ces connaissances pour examiner les preuves et en tirer des décisions.

Il convient de noter que ces termes, aalim , faqih et moujtahid, ne doivent pas être utilisés pour décrire une personne qui parle de règles islamiques ou enseigne des documents islamiques dans des écoles, des universités ou des centres culturels, ni pour tous ceux qui travaillent dans le domaine de la dawah. Ces termes désignent un niveau d’érudition difficile à acquérir qui prend souvent des décennies d’études.

Le prophète Mouhammad a parlé avec beaucoup d'éloquence de la supériorité des gens du savoir ou des savants. "La supériorité d'un aalim sur le dévot est comme ma supériorité sur un adorateur ou semblable à celle de la lune dans la nuit quand elle est pleine, sur le reste des étoiles, et vraiment les savants sont les héritiers des prophètes, et vraiment les prophètes ne laissent pas derrière eux d'or ou d'argent, ils ne laissent que la science comme héritage. Ainsi, quiconque acquiert la science acquiert une énorme fortune. [2]

Savoir qui est un savant et qui ne l’est pas, est quelque chose que tout musulman doit s’efforcer de comprendre. En cette ère numérique où les informations sont librement disponibles et facilement accessibles, il est très facile pour des personnes non qualifiées de s'ériger en savants islamiques et les dommages qu'ils peuvent causer aux cœurs et aux esprits sont parfois impossibles à réparer. Quand une personne non qualifiée prononce un verdict religieux, les gens peuvent être égarés. La lecture d'un livre, souvent traduit de l'arabe, ne fait pas du lecteur un érudit. Il ou elle n'est pas capable de prendre des décisions. Parler avec éloquence devant une caméra et la publier sur YouTube n’est pas un signe d’érudition.

Le rôle d'un érudit musulman est de guider les gens sur le droit chemin et d'aider les gens à se rapprocher d'Allah. Ils doivent être en mesure d'interpréter non seulement le Coran et la sounnah, mais aussi le corps de l'érudition qui s'est développé depuis l'aube de l'islam. Ce n'est pas une position à prendre à la légère. En fait, cela comporte tellement de responsabilités que les sahabah et ceux qui les ont suivis ont évité de donner des règles religieuses s’ils en avaient la possibilité.

On dit qu'un des grands savants de la charia, Abdar-Rahman ibn Abou Laila, a déclaré: «J'ai pu rencontrer cent vingt sahabah. Chacun de ces compagnons a été interrogé sur des questions spécifiques à la charia mais ils ont évité de rendre une décision et ont plutôt indiqué de se rendre chez un autre compagnon afin qu'il donne la réponse. Ils avaient peur de donner une réponse inexacte dont ils seraient responsables devant Allah ». Comparez cela avec la facilité avec laquelle des non-qualifiés donnent des décisions à notre époque.

En raison de son niveau d'étude, le savant jouit d'un statut très élevé parmi la oummah musulmane. C'est son rôle d'aider et d'encourager les gens à obéir à Allah et à rester sur une voie intermédiaire en toutes choses, croyances, adoration, éthique, moralité, comportement et interactions sociales.

Il est également important de comprendre que les savants ne sont pas infaillibles. Ils sont peut-être les héritiers des prophètes, mais ce sont aussi des êtres humains avec toutes les faiblesses et les imperfections qui accompagnent l’humanité. C'est l'une des raisons pour lesquelles les érudits ne prennent pas les décisions religieuses ou les fatawas à la légère.

On a déjà posé à l'Imam Malik[3] environ vingt-deux questions juridiques différentes. Il a seulement répondu à deux questions. En répondant à ces questions, il priait pour obtenir le soutien d'Allah et ses réponses n'étaient pas précipitées. On dit que «celui d'entre vous qui court rapidement pour faire la fatwa, est comme quelqu'un qui court pour se jeter dans le feu». De tels propos soulignent l'importance d'une considération profonde lors de la prise d'une décision. Un savant est patient et attentionné.



Notes de bas de page:

[1] Al-oussoul fi 'Ilm al-oussoul, p. 85, 86; Charh (commentaire), p. 584-590.

[2] Imam Ahmad, Abou Dawoud, At Tirmidhi, Ibn Majah.

[3] L'un des savants les plus respectés du fiqh dans l'islam sunnite. Malik ibn Anas ibn Malik ibn Abi 'Amir al-Asbahi (711 - 795)

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